
« Migrant birds » pose une question assez cruciale en terme de musique ; où est la frontière entre le ringard et l’écoutable ? Entre l’hommage assumé et le bâton tendu pour se faire frapper ? Est-elle définissable collectivement, selon une norme du bon goût, ou se situe-t-elle dans l’esprit de chacun ? J’opterais pour la seconde proposition. Et c’est ce qui m’a fait basculer et souhaiter chroniquer ce deuxième album des frères Hasan et Rami Nakhleh. Car l’orchestration de “Migrant birds” peut dans un premier temps faire sourire ; elle se réduit à pas grand-chose en fait, quelques beats, parfois une guitare, du chant, et surtout, ce qui saute aux yeux, c’est ce synthétiseur Yamaha PSR-62 bourré de sonorités orientales. Pour vous situer ce synthé, c’était du milieu de gamme dans les années 1990 ; il a donc le son de son âge, indéniablement. Alors vous coltiner tout un album avec ces mêmes sonorités peut vous paraître une épreuve. Sauf que les gars ont un sens du groove imparable, et sont des arrangeurs-nés. Entre musique orientale, pop et disco, cet album bâtit un pont, cherche une logique qu’il parvient sans mal à trouver. Alors oui, forcément, les titres ont une certaine tendance à se ressembler. Mais tous sont destinés à éveiller chez leurs auditeurs une irrésistible envie de danser, ne serait-ce que seul dans son fauteuil. Ce disque montre une vraie capacité à rassembler. La musique des frangins s’est nourrie de leur histoire, politique certes, mais surtout musicale, avec pour chaque ballottement de leur région d’origine de nouvelles couleurs ou nuances venant enrichir leur palette. Pour tout dire, même si je savais avoir été sensibilisé à la musique orientale durant ma jeunesse, je ne pensais pas tenir un disque complet de ce régime ; ce disque est donc une complète et bonne surprise !