
J’ai vraiment découvert et apprécié la soul sur le tard ; j’étais même déjà entré dans la vie active. Mais cela ne m’empêche pas d’apprécier d’en croiser les rythmes chaloupés et volutes jazzy à intervalles réguliers. C’est Thee Marloes, un trio indonésien qui va m’occuper aujourd’hui. Le groupe s’emploie à délivrer une soul pop sixties, en incorporant de manière pondérée des éléments locaux, le tout en hésitant ostensiblement entre s’exprimer en anglais ou en langue maternelle. Le groupe, l’un des seuls pratiquant ce genre chez eux, est vite remarqué et signé chez Big Crown, label de El Michels Affair. Une belle opportunité pour Thee Marloes et pas vraiment une coïncidence ; les artistes partagent ce goût d’une musique soyeuse et rétro. Je pourrais également évoquer, plus près de chez nous, Forever Pavot ; certes, la musique des indonésiens est bien moins fantasque, mais dans les mélodies il y a parfois une forme d’étrangeté, des particularités qui la distingue du style Stax sur lequel elle lorgne ostensiblement. La production, elle, se charge de nous ramener dans le giron ; on s’y croirait presque. « Perak » fait dans le feutré, dans la soul cool, peu cuivrée, plutôt centrée sur la douceur et la détente. L’album distille une ambiance apaisée et « charmante » ; c’est le qualificatif employée par le dossier de presse, mais pour le coup je trouve qu’il correspond bien à la réalité du disque. Les titres en bahasa indonesia sonnent forcément un peu plus exotiques, ce qui est agréable mais ne change pas vraiment la perception globale de l’album. Je dois bien avouer que j’aurais préféré un peu plus de larmes et un peu moins de sourires et caresses (en territoire soul, je suis assez maso), mais il faut reconnaître que ça reste extrêmement bien fait pour un disque de soul love. On pourra juste reprocher au disque une certaine tendance à employer des rythmes et effets un peu trop similaires, faisant un peu trop ronronner le tout à mon goût. Mais ça reste un premier album, et ça augure du meilleur pour la suite.