En musique comme à la guerre, la surprise peut venir de partout. Je pense que c’est pour ça que, des années après avoir commencé en dilettante à écrire ce que je pensais de ce qui me passait par les oreilles, je continue à m’accrocher. Bien sûr, il m’arrive d’être découragé, de me dire que tout ça est vain si je ne touche qu’une poignée de gens. Mais une fois de temps en temps, l’un de vous me dit qu’il a apprécié l’un des disques que j’ai mis à l’honneur, et c’est reparti pour un tour. Ce soir, je ne vais pas m’adresser aux amateurs d’innovation à tout crin, de folie furieuse, de hype rock. Ce soir, c’est à toi que je parle, toi qui aime les disques de classic rock qui envoient du rêve de par la qualité des compos et la maîtrise des musiciens. The View Inside est de la catégorie des groupes qui ont grandi avec tout un tas de modèles dans le viseur. Des gars qui ont étudié chaque plan, qui se sont appliqués pour les reproduire à la perfection. Pas pour singer, juste parce que pour le groupe, c’est la meilleure façon de rendre hommage à leurs idoles. Et puis un jour, fort d’un savoir-faire acquis à la sueur de son front, il se dit « et pourquoi pas moi ? ». Et voilà ce premier album. Bon, ok, j’extrapole, je ne connais pas vraiment l’histoire du combo, et à la limite, je m’en fous. Et je n’ai même pas le mérite de les avoir débusqué ; c’est l’une de ses têtes pensantes Ludovic Briant qui m’a contacté directement. Et après avoir écouté « Tie breaker », j’ai compris que quelque chose de gros se préparait ici. Ce qui peut être une pente glissante pour la découverte d’un disque ; difficile se remettre d’une grosse déception. Heureusement, le groupe n’a pas misé le tout sur un seul titre et un casting de gâchettes impressionnant (rien que la paire Gregg Bissonette / Simon Phillips m’a calmé). The View Inside nous a compilé ici 12 magnifiques titres, rivalisant de virtuosité et de feeling, dans un style AOR / rock pop aux couleurs progressives et world. Alors oui, c’est un peu un disque d’un autre temps. Impossible de ne pas penser à un Peter Gabriel des grands jours ; et c’est un compliment où chaque mot est bien pesé, croyez-moi. Chaque chose est à sa place, rien ne dépasse, et on se permet même un phrasé rap par-ci, un petit côté démonstration par-là sans que ça ne déséquilibre l’ensemble. C’est vraiment un bel ouvrage qu’on a là, et je suis content qu’il m’ôte les mots de la bouche.
Album disponible à l’achat sur le site du groupe