
Si je vous dis que Suburban Eyes est un énième conglomérat d’éminences grises de la pop américaine réunies autour de l’envie de créer « autre chose », je sais, c’est pas très vendeur. Alors peut-être suis-je las de lire ce genre d’argument, ou pas assez au courant de la chance qu’on a de voir ces gens s’unir, toujours est-il que moi aussi ça me laisse froid. En revanche, il y a le pouvoir de l’image. Ce quartier typique plongé dans la pénombre, aux allées un peu trop rectilignes et sages pour ne pas cacher quelque chose, ça, ça m’attire. Et ce premier titre qui prend son temps à arriver, mais possède une mélodie qui sonne à la fois un peu rétro et terriblement accrocheuse, ça aussi ça fonctionne. « SoCal (psycho) » est un ticket d’entrée vraiment sympa qui évoque le passé de héros de l’émo des membres du groupe. « Headlight torches » est plutôt efficace aussi. En revanche, je trouve « 4AM » franchement trop daté dans ses sonorités. C’est ce avec quoi nous devons composer ici : malheureusement, si les musiciens sont encore tout à fait opérationnels, ils ont conservé un amour pour celles-ci, et il est donc évident que ce disque éponyme ne parlera pas à tout le monde. Pourtant, ce mélange d’énergie et d’émotion peut rappeler un R.E.M. On se situe donc quelque part entre l’emo classique et quelque chose de plus lyrique, produit et pop. La voix légèrement ampoulée, ou du moins présentant un timbre très particulier d’Eric Richter fait le reste. On a donc ici un disque assez clivant, qui divisera ceux qui l’écoutent, soit complètement en mode j’aime / je déteste, soit en partie. En tout état de cause, je trouve cet album inégal en termes de qualités et sonorités, et j’avoue passer un peu à côté même si certains titres sont très bons.