Cet album de Seraphin a pris du temps à arriver jusqu’à moi. Et il l’a fait presque malgré moi, subrepticement. D’abord, j’ai reçu le titre « Carolina lunchtime » via la plateforme groover. C’était en janvier. D’entrée de jeu, ce titre à la fois élégant et accrocheur m’a rappelé plusieurs formations dont le travail, en clair-obscur, m’avait déjà charmé : les Devastations, Spain, éventuellement le Czars des débuts. Le deuxième, « Aniouchka », qui ouvre la marche ici, arrive en mars par le même biais. Dans celui-ci, il évoque le décès brutal et volontaire de sa grand-mère, ayant fait le choix d’arrêter les frais après une série de déconvenues personnelles et professionnelles. Ce titre, malgré une ambiance assez similaire, est plus laborieux dans sa progression vers un climax qu’on espère un peu trop longtemps et qui reste un poil frustrant. Enfin, en ce mois d’avril, c’est « Gold strike » qui m’était envoyé, pour un résultat assez identique. Pourtant, quelque chose continue de m’attirer vers Seraphin, et me voici donc à l’assaut de ces treize titres. Et je ne le regrette pas. Car s’il reste quelques ajustements à prévoir ici et là, « 7665 » présente un artiste, que dis-je, une formation qui a plus de ressources que prévu au départ. Au gré des tires, Seraphin dévoile de solides racines rock et peut-être plus urbaines et modernes que ne l’avaient laissé voir les premiers titres. Et confirme cette habileté à ménager ses effets, à évoquer subtilement, à se montrer tour à tour dramatique ou plus pop sans jamais que la cohabitation paraisse suspecte ou maladroite. Tantôt dandy, rebelle, sauvage ou crooner sombre, Seraphin nous balade dans un univers film noir qui ne manque ni de piquant ni de classe. Toutefois, il veut peut-être trop en dire ; un ou deux titres en moins n’auraient pas nui, selon moi, à l’unité de l’ensemble. Mais allez, ce disque est tout de même un bel objet, d’autant plus quand on sait, ou qu’on devine l’énergie fournie par son auteur pour le faire naître et le faire vivre. Bel effort !
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