
Des groupes de metal extrême en amérique du sud, c’est pas ce qui manque. Mais soyons honnêtes ; il s’agit le plus souvent de formations qui tapent dans l’hommage, et qui se situent, au mieux, dans la catégorie second couteaux. Pourtant, en fureteur invétéré, j’aime bien mettre mon gros nez par là, en me disant qu’un jour ou l’autre, ça paiera. Ah ah ! Serait-ce le bon jour ? Bon, on va pas se voiler la face, Selbst ne vient pas de nulle part. Mais ses modèles sont plus subtils et complexes que d’habitude dans le genre. Car les vénézuéliens pratiquent un post black metal bien tourmenté et retors, qui prend racine en Europe, et s’inspire de formations à la fois respectueuses des héros des nineties et soucieuses d’aller plus loin dans l’intensité, l’émotion et la création. On pourrait évoquer Deathspell Omega, Drudkh, des choses de cet acabit. Bref, on ne s’ennuie pas une seconde sur ce disque, qui, s’il ne trahit jamais ses origines géographiques (inutile de chercher des influences « locales »), se hisse bien au-dessus de la mêlée de formations voisines. Qualitativement, « Relatos de angustia » est quasiment irréprochable. La durée est bonne, l’intensité au rendez-vous, les titres ne sont ni trop simples, ni trop progressifs, entre haine et désespoir, devant autant au post black metal qu’au post hardcore. Croyez-moi, il serait bien cruel que la pandémie vous prive aujourd’hui du plaisir de découvrir un disque tel que celui-ci, car Selbst est bien le plus valeureux représentant de sa contrée que j’aie pu rencontrer depuis, euh, toujours ? Bien sûr, je ne peux pas vous promettre que vous serez désarçonnés par les sept titres de ce deuxième album, mais sous le charme, je n’en doute pas. Très belle production !