SCYLLA : BX vice

J’ai découvert Scylla au sein d’un exercice dont il n’avait pas forcément l’habitude : celui de faire-valoir. Oh, le mot est peut-être un peu fort, mais en l’occurrence, « Pleine lune » faisait plus honneur à la virtuosité de Sofiane Pamart qu’il ne faisait montre du réel univers intérieur du mc belge. Oh, bien sûr, on avait bien capté que le bonhomme avait un certain vécu, un franc-parler, qu’il n’avait pas grandi du côté lustré de la cuillère, et qu’il les traduit en textes désabusés au flow posé et sombre. « BX vice » est le cinquième album de Scylla, et si son titre laisse à penser à une analyse / attaque en règle sur sa ville d’origine (bah oui, BX pour Bruxelles), la vérité est tout autre. Si Scylla creuse ici une tombe, c’est la sienne ; il expose au grand jour tout ce qui fait de lui, euh, lui. Ses amours, ses faiblesses, ses opinions, sa façon d’écrire… Il se dévoile, sans fard, sans se la jouer cador, avec juste ce qu’il faut d’egotrip pour sortir un disque à la première personne. Toutefois, si j’en crois ce que j’ai lu ici et là, cet album est plus spontané et moins technique, spirituel et sombre que les précédents. Okay, c’est possible. En fait, « Bx vice » est une sorte de retour aux sources, de soupape, après quelques années à s’enfermer dans ses propres automatismes, dans son personnage. Bien. Quoi qu’il en soit, il s’en sort assez bien. On y découvre un homme torturé par lui-même, par les autres, tiraillé entre ses aspirations profondes, ses, hum, besoins naturels, et son devoir de père. Le tout à travers une écriture simple et directe, des titres au groove discret et une assise assez old school. Alors oui, ce disque de Scylla ne transpire pas la modernité. Il fait plutôt partie de ceux qui glorifient un style ancré dans l’histoire du genre, qui a fait ses hauts faits d’armes et continue de faire vibrer les anciens comme les plus jeunes. Qui irait le lui reprocher ?

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