
La rencontre entre Bruxelles et Toulouse a déjà eu lieu il y a des années. Les deux rappeurs au timbre assez proche et aux univers un peu parallèles se rejoignent périodiquement pour un titre. Mais cette fois, ils se sont isolés, loin du monde, pour créer une troisième voie, aussi grave et dure que le monde qui l’entoure. « Portes du désert » nous offre donc une bonne grosse dose de rap à l’ancienne de la part de deux mecs qui n’ont plus grand-chose à prouver… Mais qui le font quand même. Prenez ne serait-ce que le premier titre « 10 jours, 10 nuits » : impossible de nier que ces deux-là étaient faits pour poser ensemble. Ça sonne tellement évident, tellement complémentaire qu’on se demande pourquoi ils ne l’ont pas fait avant. Encore une fois, les gars sont venus régler des comptes. Mais plus avec leur passé, avec leurs souvenirs qu’avec leurs ennemis. C’est un fait, le disque est très introspectif. Les deux hommes parlent d’eux-mêmes, de leur relation, de leur relation au monde. Ils sont à la fois dedans et dehors, et l’expriment avec autant de talent qu’on leur connaît en solo. Et d’ailleurs, sur pas mal de titres, ça sent un peu l’album solo partagé, ce qui est un peu dommage. Parce que, ok, il faut amener de la diversité quand on enchaîne 17 titres et qu’on passe la barre de l’heure, mais là où les gars sont les plus impressionnants, c’est quand ils sont ensemble, unis. Alors oui, même si le disque est vraiment très très bon, je reste un peu frustré. Ce que j’adore en revanche, c’est l’emploi fréquent des sonorités « locales », qui confèrent à « Portes du désert » une identité unique. Copieux, encore plus que prévu puisque le duo nous offre en plus deux bonus track dont la très bonne « Tempêtes », ce disque est en tout cas loin d’être un moment d’égarement, plutôt un oasis dans le rap actuel.