Les chicagoans de Russian Circles sont « un autre » groupe ayant choisi de ne pas choisir entre post rock et post metal. Leur style instrumental manie donc les grosses guitares limite sludge, mais aussi les ambiances plus fines et volatiles du rock atmosphérique. Un style volontiers sombre et torturé où, même dans les moments d’apparence calmes la menace gronde et finit par éclater (« Gnosis »). Jusque-là, me direz-vous, rien d’exceptionnel ; le power trio semble suivre la même voie empruntée maintes et maintes fois par d’autres déjà. Et vous n’aurez pas tort. Oui, « Gnosis » reste assez classique dans sa forme, et les voisins de Russian Circles Pelican, tout comme d’autres, pratiquent déjà ce mélange entre rage contenue et atmosphères vaporeuses. En plus, le groupe depuis quelques temps raccourcit ses albums histoire de les faire tenir en sept titres et 40 minutes maximum, ce qui reste court pour le genre. Mais « Gnosis » fonctionne sans problème. Si certains regretteront l’absence d’éléments constitutifs d’une personnalité « unique » (violon, passages électro, accordéon, ukulélé ?), ce huitième album, sans vraiment s’écarter d’une écriture somme toute classique, parvient à capter et maintenir l’attention. Les musiciens utilisent avec intelligence les sonorités sludgy qui caractérisent leur son, mais n’abusent jamais de la brutalité, lui préférant largement la puissance : une nuance fine mais importante. La froideur de l’ensemble est certaine, la musique de « Gnosis » étant certainement moins riche en émotion et plus en catharsis que chez beaucoup de formations. Mais c’est un choix que l’on peut valider après des écoutes successives du disque, dont la concision ne gâche pas l’impact, au contraire ; on a tendance à y revenir pour mieux s’imprégner de telle ou telle ambiance. Bien joué.
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