Après nous en avoir mis plein la tronche pendant deux albums, le duo anglais a décidé de dévier un peu son sillon rock blues stoner en y intégrant… de la dance. Ah bah oui, annoncé comme ça, ça va en faire fuir certain(e)s. Et pourtant, à l’écoute de « Trouble’s coming », le premier morceau de ce troisième album, ça saute au oreilles. Certes, le groove a toujours fait partie de l’ADN du groupe, mais là, on a l’impression de les entendre copuler avec Daft Punk (ce traitement de la guitare / basse se retrouvera dans l’ensemble de l’album). Pas que ce soit foncièrement désagréable, notez, mais ça surprend. Bon, « Oblivion » est quand même, pour moi, bien plus réussi. « Typhoons » confirme le choix du groupe ; celui d’alléger considérablement l’instrumentation, de faire respirer les chansons, de ne plus écraser l’auditeur sous la puissance des grattes mais lui laisser assez de marge de mouvement pour se déhancher. Quand on connaît l’origine du groupe, on sait que ce choix ne sort pas de nulle part ; avant de se distinguer par ce son et ce jeu si particulier, Mike Kerr jouait du guitar synth dans son précédent groupe, inspiré notamment par la french touch ! Alors voilà, « Typhoons » est un retour aux sources qu’on a pas vu arriver. Bien sûr, le groupe a pris arde d’accompagner ce tournant par un parrain d’exception en la personne de Josh Homme (Queens Of The Stone Age), venu s’assurer derrière les manettes que l’équilibre des univers est bien respecté. Ce qui ne m’empêche pas de voir tourner la boule à facettes et de voir un Abba débarquer dans le riff d’intro de « Million and one », de trouver que le clip de « Limbo » a quelque chose du « Stress » de Justice, de voir généralement dans ce disque un parallèle avec Muse il y a quelques années. Bon, vous l’aurez compris, si en 2017 Royal Blood se posait la question « How did we get so dark ? », ici le duo a changé sa palette chromatique, et affiche sa volonté de « faire sortir des arc en ciel des enceintes ». Il surprend même encore plus en fin de parcours avec la balade au piano « All we have is now », qui fait sortir en douceur les retardataires, à défaut de convaincre pleinement. Alors, « Typhoons » sera-t-il accepté par les fans ? Le groupe en est convaincu. De mon côté, je pense que c’est un pari risqué mais possible, puisque si la musique est ici bien plus légère, moins graisseuse, les titres restent bien composés, efficaces et typés rock. La suite, en revanche, risque d’être plus difficile à négocier.
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