
« Nap, Kelethez kötött
A tenger emlő-meleg
Csak te szelheted át még ma
Alattad erdő-nyereg »
Ce sont les premiers mots du premier titre de cet album. Autant dire que je n’ai rien pigé. Et pour tout dire, même en utilisant un module de traduction, ce texte évoquant un rapport personnel à la foi et à la poésie m’a paru tout aussi obscur. En revanche, la musique des hongrois (Platon Karataev nous vient de Budapest) m’a vraiment parlé. Sorte de mélange entre post rock, indie pop et post punk, avec quelques éléments électroniques parfois, le style du groupe est aussi original que travaillé. Prophète en son pays où il continue de jouer à guichet fermés, et où ses textes sont étudiés pour éduquer et inspirer la jeunesse, Platon Karataev a encore pas mal de chemin à faire par chez nous même s’il a déjà tourné en Europe. Ce qui est notable dans leur art, c’est la forme du chant. Les membres du groupe unissent leurs voix pour renforcer le caractère mystique de la musique. Et elles ont quelque chose d’étrange, de différent de la scène rock actuelle, d’un peu progressif. Un peu plus claires, plus aiguës, elles me font un peu penser à celles de Yearning en territoire metal. C’est une différence dont on se souvient, qui interroge et qui, aussi, peut handicaper Platon Karataev, car elle marque si profondément les titres qu’ils en développent des ressemblances troublantes. Musicalement, « Napkotozo » emploie une certaine emphase qui confine au rock symphonique et au post rock donc. Les yeux fermés, on est forcément transportés très loin, et pour moi l’écoute seul(e) est donc à privilégier ; c’est celle qui vous aidera le plus à pénétrer l’univers des hongrois et nourrir votre imaginaire. Même si l’expérience live, pour peu qu’elle bénéficie de moyens suffisants, doit également être assez magique. Parce que « Napkotozo » n’a pas vraiment besoin de mots pour nous convaincre ; son ambiance unique suffit à nous donner envie de le réécouter encore et encore. Seul bémol pour moi, ce bonus track qui tranche un peu trop avec les autres titres et nous sort d’un certain état de transe ; on lui pardonne bien volontiers.