Voilà bien longtemps que je n’ai pas croisé la trogne de Brian Molko, ou plutôt son timbre si particulier dans mes écouteurs. Placebo fait partie des groupes à la personnalité affirmée mais immuable, et chez moi la stagnation est souvent synonyme d’ennui et de désintéressement. « Loud Like Love » a donc plus l’allure d’une deuxième chance que d’un rendez-vous attendu ; il serait surprenant que je sois surpris. La chanson-titre démarre, et confirme ce que je pensais ; Placebo fait du Placebo, recycle des formules déjà éprouvées depuis ses débuts ou presque, capitalise sur la voix charismatique de son leader et sa propension à pondre des gimmicks (« My computer thinks I’m gay » sur le single « Too many friends »), sur une rébellion adolescente dont on ne sait plus si on doit s’amuser ou se moquer. Placebo arrive à se renouveler sans vraiment le faire, à évoquer son glorieux passé sans trop donner l’impression de l’avoir fraîchement déterré et le porter comme un déguisement grotesque. Pour ça, il peut être admiré, car ce n’est pas donné à tout le monde. Mais quand on y regarde de plus près, ce disque, on l’a déjà entendu. Par bribes peut-être, mais quand même. Placebo a bâti de ses mains sa propre maison, quatre murs dont il ne sait plus sortir. C’est con, parce qu’il fait beau dehors. Moi, je vais déguster quelque chose de rafraîchissant dans le jardin.
Placebo : Loud like love