
Il est très rare qu’un nouvel artiste francophone qui s’inscrit dans une logique chanson / hip-hop / slam m’accroche. Je suis arrivé par hasard à Nikola. Je n’étais pas au Printemps de Bourges pour le découvrir, on a pas les mêmes réseaux, alors c’est cette sortie et une écoute d’abord distraite du premier titre presque éponyme de « MNE » qui m’a amené ici. « Zeta, MNE » plante le décor du mal-être de ceux qui se sentent déracinés alors qu’ils n’ont finalement jamais pris racine nulle part. Ceux qui ont un bout de culture d’ailleurs et un bout de culture d’ici et se rendent compte que ça ne fait pas un tout. Ceux qui idéalisent cet ailleurs, en chérissent les souvenirs en pensant qu’ils y seront mieux, mais qui s’y sentent finalement aussi mal qu’ici en y débarquant. Mal, mais autrement. Nikola a 23 ans, et s’il a grandi en France, son cœur penche vers le Montenegro, ses origines familiales. Musicalement, ça se traduit par un mélange de hip-hop, de rock, d’electro, de chanson, de slam et de musique des balkans. Forcément, tout ça peut sembler décousu. Et c’est vrai que ça l’est ; « MNE » est un patchwork musical et lyrique. L’influence de Stromae est évidente, parfois plus encore (« Elle meurt la mort »), mais Nikola y apporte sa propre palette, ses propres combats internes. « MNE » est une fenêtre sur son parcours fracturé, sur son âme cabossée. On n’en appréciera peut-être pas tous les passages, mais qui a aimé tous les moments de sa vie ? La voix de Nikola se balade entre fragilité et assurance, tout comme ses textes poétiques et désabusés. Imparfait, bordélique mais souvent très bon, ce premier disque fait entrer Nikola dans une cour qu’il rêve déjà de quitter pour autre chose. A vous de voir si vous voulez faire une étape avec lui.






