
Je ne sais pas vous, mais moi, le nouvel espoir du doom metal, j’ai tendance à ne pas le chercher dans un environnement où il n’a à priori rien à foutre. Et donc, pas en Californie. Et pourtant, me voilà en présence de Mountaineer, groupe formé en 2015 et dont ce « Bloodletting » est le troisième album. Et il peut sans problème prétendre au titre. Et pourtant, n lançant « Blood of the book », si le feeling est clairement doom, on ressent plus les influences (post) rock que funeral ! Ce qui n’est clairement pas pour me déplaire, tant que ça ne constitue pas l’essentiel du disque ; dans un album de doom metal, j’aime la puissance et la lourdeur des guitares. Heureusement, celles-ci sont également bien présentes. En fait, le groupe louvoie intelligemment entre plusieurs ambiances et modus operandi. C’est particulièrement perceptible sur les parties vocales, qui passent d’un chant metal soft à la James Hetfield (Metallica) au chant plaintif à la Chino Moreno (Deftones) en passant par le bien rocailleux à la Kirk Windstein (Crowbar). La musique, bien sûr, suit à peu près la même logique, à quelques nuances près. Ce qui contribue à faire de « Bloodletting » un disque passionnant, toujours en mouvement. Alors bien sûr, ça s’éloigne un peu et volontairement des poncifs du genre, et ça peut déclencher une levée de boucliers : on est de fait ici plus dans la beauté, la mélancolie, la menace ou la contemplation que dans le désespoir pur. Si j’osais, j’affirmerais que ce disque est une bouffée d’air frais dans le doom metal. Je suis fan de cette façon de percevoir le genre, et ce même si j’adore les trucs hyper dépressifs et déchirants. Mais je pense qu’il y a de la place pour les deux visions. Alors faut-il, de ce fait, « déclasser » Mountaineer en metal atmosphérique ? Oui, on pourrait. Mais on a continué à en classer d’autres en doom alors qu’ils avaient abandonné toute marque d’appartenance depuis longtemps, alors pourquoi compliquer les choses inutilement ? « Bloodletting » est un beau disque de doom, point !