
Depuis le temps qu’il traîne dans le metal indus, influençant une foule de groupes, s’installant comme le parrain du genre, on le sait ; l’inspiration de Al Jourgensen est cyclique. Le monsieur, qui vit apparemment une deuxième jeunesse ces derniers temps suite à une énième cure de désintox, qui pour le coup semble avoir fonctionné, et une remise à niveau de son corps (je ne sais pas s’il reste grand-chose d’origine, mais c’est de la qualité apparemment), nous amène donc un nouvel album vengeur / accusateur, « Moral hygiene ». On y (re)connaît chaque élément, de ses attaques farouches envers la société américaine à ses tics musicaux et vocaux, en passant par son utilisation rythmique des samples, mais voilà, on aime bien, alors on hésitera pas à retomber dans le panneau. « Alert level » a une tronche de « Fith pig », « Good trouble » démarre en trombe comme un « Jesus built my hot rod » mais se ravise vite, « Sabotage is sex » voit cette vieille trogne de Jello Biaffra venir cabotiner de nouveau. Ok, ça lui va bien, et à nous aussi. « Disinformation » est plus percutant, même si certains effets rock n’ roll lui font plus de mal qu’autre chose. « Search and destroy », la reprise des Stooges, est bien plus inoffensive qu’attendu ; un bon gros son metal et une voix saturée ne suffisent pas à faire oublier l’urgence punk de l’originale. « Believe me » confirme : « Moral hygiene » ne sera pas un disque uptempo, l’ensemble de ses titres se situe dans une moyenne tempérée, capitalisant sur des éléments connus et appréciés des fans et des critiques ; une relative variété des orchestrations, des riffs costauds mais un peu enrobés, un chant virulent mais contrôlé, un ennemi commun. Peut-on pour autant le qualifier de moyen ? Non, c’est un bon disque, mais c’est vrai qu’après les déclarations du bonhomme, et suite au ressentiment probable résultant du décès de Mike Scaccia, je m’attendais à quelque chose de plus brutal et énergique. Pas dingue, mais pas mauvais.