
En 2018, je découvrais le mc toulousain Melan et son hip-hop à la fois classique et efficace, à l’écriture crue et réaliste. Le jeune homme s’imposait comme un acteur à suivre du hip-hop moderne. « Angle mort » marque une évolution dans l’écriture et la production. Plus lumineux, plus positif, autant dans les paroles que la musique. Bien sûr, sur « Abandon sauvage », on trouvait déjà trace de tout ça, mais l’ensemble était plus amer, plus mélancolique. Ici, on a pas complètement basculé du côté clair de la force, mais la plupart des titres de ce nouvel album se situent dans un « entre deux » qui plaira à la fois à son public d’avant qu’à celui qui le découvrira avec « Angle mort ». En fait, Melan est en train de grandir, et va faire grandir son auditoire avec lui. C’est plutôt bon signe en fait, et la preuve que le bonhomme est capable d’évoluer vite. Et bien. D’ailleurs, il a également assez confiance en lui pour n’accueillir qu’un seul featuring ici ; Davodka sur « Dose ». Fort réussi, ce titre. Tous les autres aussi. Encore une fois, Melan est généreux ; 17 titres et 47 minutes pour ce disque. Et il est également généreux en vrai rap. Et ça, c’est même pas moi qui le dit, c’est lui. Pour lui, ça se traduit par un attachement à l’écriture, au message véhiculé par le texte, et à une certaine intégrité. A l’écoute de ce disque, on ne peut que lui donner raison sur toute la ligne. Arrivé là, on ne cherchera d’ailleurs même plus à savoir si « Angle mort » est meilleur ou pire que « Abandon sauvage » ; on se laisse porter en appréciant la chance d’avoir, en 2020, encore des artistes de cette trempe dans ce genre, avec des idées, des convictions et la force de les réaliser.