« The pale emperor », le rejeton précédent de l’épouvantail américain, m’avait impressionné par son positionnement plus rock qui ne reniait jamais la noirceur et la personnalité développée par Brian Warner au cours de ses 28 années de carrière. A l’heure de découvrir si ce disque que je considérais comme charnière est suivi d’effets ici, j’avoue trembler un peu. Il faut dire aussi que le révérend est coutumier du fait. Allez, hop, sans transition, « Revelation#12 » se la joue déclaration de guerre ; les ennemis de son ennemi sont ses ennemis. Retour donc à un style très classique pour Manson, entre metal indus tribun et metal alternatif bluesy. « Tattoed in reverse » est un peu plus punchy et originale, mais ça reste pour moi du déjà entendu. C’est hélas la couleur générale de l’album. Un pas en avant, deux pas en arrière, Manson ne sait / ne veut pas choisir entre inspirer la terreur ou passer au stade supérieur. Oui, je sais, je pourrais être heureux de voir celui que j’ai adoré en 1995-1996 renouer avec ce qu’il a souvent bien fait. Mais voilà, moi j’ai vieilli, et vivre dans le passé ne me suffit pas forcément. Enfin, soyons honnêtes : ça pourrait être le cas si le bonhomme ne m’avait pas prouvé qu’il savait faire autre chose. Alors oui, « Say 10 », « We know where you fucking live », la plus groovy et sage « Kill4me »… et finalement un peu toutes, sont assez bien troussées, bien mieux en tout cas que la horde de titres poussifs qui ornaient un « Born villain » par exemple. Mais ça ne me suffit pas à avoir envie de lui faire squatter la platine comme « The pale emperor » avait pu le faire. Même la ballade « Blood honey » sent le réchauffé, et si « Threats of romance » montre quelques signes de recherches mélodique et structurelle, ça ne suffit pas : « Heaven upside down » est un autre de ces albums « d’après très bon disque ». Habituel, mais fatiguant.
Marilyn Manson : Say 10
Marilyn Manson : We know where you fucking live
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