
Je suis des yeux et des oreilles la londonienne Marika Hackman depuis son deuxième album « I’m not your man ». Et si j’ai loupé son album de reprises en 2020 (c’est con, moi qui adore ça, les reprises), je suis content d’être de nouveau sur les rangs pour ce cinquième opus. Déjà douée de base, la jeune femme s’était émancipée de certains tics et formats au cours des années, se permettant de mélanger une inspiration résolument indie avec des élans un peu plus pop, se réinventant un langage aussi touchant que personnel. Heureusement, pas de changement de ce côté-là sur « Big sigh ». Lisant ça et là que l’album était porté aux nues, je craignais que c’était parce qu’il allait encore un peu plus loin dans l’accessibilité et la « facilité d’écoute ». A mon grand soulagement, il n’en est rien. Passé la crainte née d’une « The ground » introductive un peu bancale, je me rends compte que la jeune femme met toujours en avant ses états d’âme avec autant de délicatesse que d’astuce. Si certains éléments et tournures ont déjà été utilisées ailleurs, elle parvient cependant à les rendre unique et à-propos au sein de petits bijoux indie pop mélancoliques. On y échappera pas ; elle aussi opère une étude introspective des effets du confinement, des changements survenus dans son rapport aux autres, à elle-même et au monde. Ce quatrième album est donc très personnel, et si les arrangements luxuriants s’emploient parfois à le cacher, c’est une Marika Hackman à nu qui se présente à nous, avec des textes parfois assez troublants. Mais même sans se concentrer sur eu, la forme des chanson, l’émotion qu’elles charrient et transmettent reste un argument prépondérant et décisif pour l’adoption immédiate de ce magnifique album, où la folk et la pop conjugués à des motifs electro et à des cordes bien placées produisent des merveilles.