Lupen Crook est depuis toujours un mystère. L’homme comme son art (musical ou autre) aiment les puzzles, et si chaque pas dans son univers en constituent une pièce, on a encore, des années après son arrivée dans le folk game (dans lequel il n’a, entendons-nous bien, pas grand-chose à faire), trop de manques pour saisir le tableau dans son entièreté. Sera-t-il jamais terminé d’ailleurs ? Ou devra-t-on se résigner, comme pour certaines oeuvres, à se dire qu’on a passé un bon moment, vécu une expérience unique, mais toujours pas compris le sens ? Ce nouvel album, certes bien moins exubérant que les autres, ne va pas forcément éclaircir la soupe. On est accueillis par « Westmoor farm ghosts », titre assez neurasthénique qui met bien du temps à se dévoiler, trop certainement. A vrai dire j’aurais préféré que cet album débute par « Yesterday’s man », qui a lui-même une bonne tête d’ « opener », mais s’avère beaucoup plus mélancolique et lancinante. « Tomorrow’s world » a beau sembler s’y référer directement au niveau du titre, musicalement, ce n’est pas tout à fait du même tonneau, plus coloré par l’electro. Bon, ceci dit, presque tous les titres partagent une ambiance plus posée qui, si on a pas suivi le cheminement musical du bonhomme depuis ses débuts, ne sera pas forcément comprise. Et même si elle est comprise, de là à la partager… Pour ma part, je préfère les titres à mi-chemin entre cette ambiance et quelque chose de plus énergique ou bizarre. « How rotten the teeth » ne me fera donc pas tomber en pâmoison comme le premier album de l’anglais. Ce qui n’exclut pas de prendre un plaisir certain à l’écoute de « Yesterday’s man », « Tomorrow’s world », « Sorry for the mess » ou « Alarm of St Paul’s ». Bref, ce nouvel album ne remplit pas tous les objectifs que je lui avais assignés, mais se rattrape in extremis sur de très bons titres. Bilan mitigé.
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