Quand vous êtes face à un fou, il n’y a pas 36 solutions : soit vous l’évitez comme la peste, soit vous le suivez dans son délire. Pour un génie, c’est à peu près la même chose, d’ailleurs. Alors ne me demandez pas où se situe Kody Nielson. Une chose est sûre, il est quelque part entre les deux. Pour ce premier album, il regroupe douze titres composés chacun pour l’anniversaire d’un de ses proches. Et sort l’album à sa date d’anniversaire. Ça vous paraît saugrenu comme idée ? Vous n’avez encore rien vu. Figurez-vous que ce chenapan a décidé de mettre en symbiose la musique baroque, le moog et la musique électronique. Ok, là, vous pouvez lever les yeux au ciel. Enfin, pas si sûr. Parce que si, sur le papier, ça a l’air bien chtarbé, une fois enregistré… ben ça l’est tout autant. Chtarbé oui, mais sacrément bien conçu. Les douze mouvements de cette « Birthday suite » sont certes calqués sur le même modus operandi (= une basse groovy, une batterie jazzy bien présente et assez remarquable, quelques fioritures synthétiques et un moog omniprésent déroulant un neo-classique hérité de Bach ou une compo plus jazz rock avec le même traitement) mais chacun pris à part fonctionne parfaitement. Oui, mais, est-ce que, tous pris à la suite, ce disque reste un plaisir ? C’est un peu là où le bas blesse, il faut bien le dire. Le moog, c’est chouette, l’idée de Kody est fun, mais un peu comme chez un Moog Cookbook ou un Rondo Veneziano (dont ce disque est un peu la progéniture difforme enfermée dans la cave avec Choco), on finit par se lasser au bout d’une demi-heure. Mais malin, Kody a donné à ce premier album solo une forme courte (33 minutes), permettant au curieux de se faire une idée sans se fatiguer. Une chose est sûr, avec Kody et après les Mint Chicks, Silicon et Unknown Mortal Orchestra, on est pas près de s’ennuyer !
Kody Nielson : Ruban’s birthday