KEMMLER : Alain

Pas mal de choses ce sont passées dans la vie de Yoann Haouzi alias Kemmler depuis ma dernière halte chez lui avec « Gris coeur » (2021). Une séparation houleuse, un cancer-surprise pour son père, des soucis divers. Alain, c’est qui ? C’est son père, qui lutte depuis un moment avec ce cancer qui ne l’a pas tout à fait vaincu, mais a réussi à mettre à mal la confiance en la vie du rappeur, à faire quelques autres trous dans son cœur. Ça s’entend. « Alain » est un disque de deuil. Plus mégot-trip qu’ego-trip, il dévoile l’état mental préoccupant dans lequel Kemmler se trouve, et confirme qu’il est doué pour la tristesse, autant dans les textes que la musique. Niveau expression, il dévie encore un peu vers le rap chanté, ce qui finalement lui va assez bien, d’autant plus qu’on est plus chez Orelsan que chez Gims ici. Le piano est utilisé en priorité, mais il s’unit à des rythmiques et sonorités électro. Pas old school, pas trap, moderne mais personnel, Kemmler trace sa propre route, en marge des modèles en vogue et des attentes («Jul »). Marseillais partout sauf dans ses textes, il reste un outsider, dans sa musique et dans sa propre vie. Ça le rend plus attachant, plus humain… plus proche de son public sans doute, et ce sans abuser des ficelles « emo » qui plombent la plupart des disques de rap aujourd’hui, masquant mal un manque d’inspiration et de voix. Ouais, c’est gratuit, je sais. Faut croire que comme Kemmler, je suis « Mauvais ». Moins hanté par sa famille en détresse que ses amours perdus, « Alain » est une trajectoire, de la chute à la reconstruction. Égoïstement, on ne peut qu’espérer qu’il connaisse encore quelques malheurs. Pas trop gros, juste assez pour produire encore quelques beaux titres comme « Merci pour rien », « Je parle de toi », « Pardonnez-moi » ou « Oublie-moi ».

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Paroles de l’album

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