KEKRO : Les cinq lettres

Originaire des Hauts de France, tournaisien d’adoption, Kekro est de ces nouveaux MC’s qui porte haut les couleurs d’un rap tristement réaliste, expurgé de fioritures et surtout des tics de production modernes. Digne héritier d’un Mental Kombat, il pose des rimes froides et d’une régularité millimétrée sur des sons à la mélancolie contagieuse, agrémentés de samples de films, comme à la grande époque. Kekro, enfant d’un rap qui regarde autour de lui avant de se regarder les pompes ou de s’admirer dans la glace, ne donne pas vraiment dans l’egotrip, autant que son style ne colle pas trop aux ambiances festives. « Les cinq lettres » ne s’adressera donc pas à tout le monde, tant il transpire le mal-être et la grisaille du quotidien. Tout au plus peut-on trouver une trace de groove, un rayon de soleil avec le featuring de Will de La chronik sur « Quand la ville s’endort », mais ce n’est qu’une éclaircie passagère ; le gris du béton absorbe chaleur et couleurs autant qu’il chasse les sourires. Alors les cinq lettres pourraient bien correspondre à « haine » du quotidien comme à « amour » d’un rap d’artisan, à l’ « encre » déversée par flots dans les caniveaux sales de la cité qui a vu grandir Kekro, Lille. Après tout, on s’en fout un peu, à condition que cet appel ne reste pas lettre morte… Et qu’à défaut de l’entendre sur les ondes, on puisse au moins continuer à écouter Kekro à l’avenir !

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