Je ne suis pas très musique classique, mais les nocturnes, c’est quelque chose qui me parle, parce qu’ils sont souvent évocateurs de noirceur, de mélancolie. Et d’un autre côté, j’adore les disques de reprises, surtout quand ils revêtent un caractère hors normes, qu’il y a une réelle revisite des originaux. Joachim Horsley, compositeur et orchestrateur pour la télévision et le cinéma, et surtout pianiste, avait déjà sévi en 2019 avec un « Via Havana » qui interprétait quelques morceaux classiques de façon bien plus ensoleillée et rythmée. Il récidive donc cette année avec huit nouvelles pièces. Il a travaillé pour l’occasion avec une foule de musiciens caribéens, européens et américains, et y intègre encore plus d’influences world. Et est épaulé en plus par deux orchestres sur ce disque. C’est vraiment impressionnant de maîtrise et d’hybridation ; mettez ça dans l’oreille d’un novice, et il ne saura probablement sur quel pied danser. Danser ? Ce n’est quand même pas le propos ici, même si le rythme chaloupé vient souvent nous titiller, et qu’on se dit que le rapprochement des deux cultures n’est pas si incongrue que ça. Est-ce qu’un tel projet est apte à réconcilier les deux publics ? Je n’en suis pas certain. Je pense que si on est pas un minimum sensible au classique, il sera difficile d’apprécier les huit pistes ici présentes. Et je suis persuadé qu’un vrai connaisseur sera plus subjugué encore par la virtuosité et l’intelligence de ce mélange des genres. Mais j’en suis la preuve ; ce n’est pas du tout obligatoire pour apprécier ce moment et le recommander à d’autres. Un vrai moment de fraîcheur !
