La musique du crooner trip hop suédois a toujours exercé sur moi une fascination tenace. Et chaque nouvel album du grand dégingandé est une preuve de plus de son talent et de ses inépuisables ressources, du moins l’espère-je. Ici, on commence par une « Paranoid » beaucoup plus sage que celle de Black Sabbath, et plus minimaliste aussi : une batterie, un piano, quelques effets, et c’est gagné ; on est immédiatement embarqués par la douce mélancolie qu’on connaît déjà bien. S’ensuit une « You’ll miss me when I’m gone » complètement jazz, une « November » délicatement folk – bossa, une « She’s almost you » où le jazz vocal croise une rythmique electro et une ambiance étrange. « The girl with the sun in her eyes », instrumental au piano beau à pleurer, pourrait avoir été pondue par un Yann Tiersen. Et c’est reparti en territoire piano bar avec la chanson-titre, un peu trop timorée pour qu’on s’y attarde, et « Snakes in the grass » un peu trop bizarre. La simplicité mélodique d’une « Advice to my younger self » surprend, pour ne pas dire déçoit. Même chose pour l’instrumental « An empty room ». Ce que la splendide « From major to minor » balaie en un instant magique. « Wreck », plus simple et légère, séduit par son gimmick qui flaire bon le negro spiritual. « Rainbow » me laisse en revanche complètement froid : oublions. Enfin, « Nightmares are dreams too » renoue avec une rugosité electro habituelle et seyante pour la voix de Jay-Jay. Encore une fois, « Bury the hatchet » parvient à tenir en haleine, sans changer grand-chose à l’équation ; si c’est pas la classe, ça !
Jay-Jay Johanson : Paranoid
Jay-Jay Johanson : You’ll miss me when I’m gone
Related Posts
- 10000Et voilà, j'ai raté un épisode. Je suis complètement passé à côté de « Cockroach », le précédent disque du crooner suédois. Pourtant, j'ai toujours aimé Jay-Jay Johanson. Alors là, pas question de réserver le même sort à ce dixième album. Tout commence par une « Drowsy / Too young to say good…
- 10000Ce nouvel album de notre dandy suédois préféré pousse le côté mélancolique du bonhomme dans ses derniers retranchements, tenez-vous le pour dit. Exit donc les titres un peu plus légers de ces dernières années, et exit l'électro aussi. Intimiste, crépusculaire et épuré, cet album pourrait se rapprocher côté français d'un…
- 10000Même pas huit heures du matin. La pluie tombe sur les vitres sales d'un train de banlieue rempli d'inconnus aux yeux hagards et aux gestes maladroits. Les paysages défilent, on traverse une à une des gares désertes, comme pour vérifier qu'on est seul. C'est le moment idéal pour écouter ce…
- 10000C'est en 1996 qu'apparaît sur une scène trip-hop alors en plein essor une voie extraterrestre, entre le style suscité et le dandysme tranquille d'un jazz option crooner. Cette voix venue d'ailleurs, c'est celle de Jay-Jay Johanson, suédois blond décoloré comme le blé transgénique et au physique de crevette. Et à…
- 10000Deux ans après un Poison en demi-teinte, le fringuant Jay-Jay nous revient transformé avec un "Antenna" plein de promesses. Pourtant, on commence par craindre le pire : le crooner s'est associé à des pontes de l'électronica (Funkstorung pour ne pas les nommer) pour opérer sa mue. Et ce n'est pas…