
Personnage culte s’il en est, Jarvis Cocker a toujours cultivé son allure de dandy élégant et fantasque. Sur ce nouveau projet accompagnant le nouveau film de Wes Anderson, autre gentil doux-dingue, le monsieur reprend des standards rétro de la chanson française. Moi qui adore les reprises, j’ai pourtant bien hésité avant de me lancer à l’abordage de cet objet, puisque mon désamour de la chanson française de l’époque choisie (60-70) est de notoriété publique, et risque de causer un rejet immédiat et sans appel. Mais que voulez-vous, la curiosité est la plus forte, et me voilà. Sans surprise, le répertoire choisi est celui de « grands noms » : Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Dalida, Brigitte Bardot, Marie Laforêt, Nino Ferrer… Le hic, c’est que ma connaissance de ces titres est quasi-nulle ; seuls six titres sur cette galette me sont connus. Du coup, je me suis demandé si j’étais vraiment légitime pour parler de cet objet. Et puis j’ai lancé « Dans ma chambre », et je me suis dit qu’après tout, ça n’était pas si gênant. Certes, je ne suis pas apte à juger des différences de version. Mais je suis capable de parler de l’interprétation de Mr Cocker. Il a la classe, le Jarvis. Posée sur un tapis orchestral d’une profondeur et d’une richesse confondantes, sa voix nuançant à peine les couleurs seventies des chansons. La diction est plutôt bonne ; le monsieur a vécu quelques temps en France, par intermittence, et en a conservé plus que des bribes de souvenir ; un amour palpable pour la langue. Bien sûr, certaines tournures restent amusantes, mais ça fait partie du charme. Le côté volontairement kitsch, les orchestrations soyeuses un poil « too much » aussi. Alors oui, on est assez loin de l’univers de Pulp et même de celui du chanteur en mode solo. Mais ça reste un projet joliment mené, ludique autant pour ceux qui sont attachés à l’interprète que ceux qui sont attachés au répertoire. Pas vital mais frais.