La guerre est une saloperie, je n’en disconviens pas. Mais sans elle, aurait-on eu les yeux rivés sur l’Ukraine, prêts à en découvrir les richesses ? Et celles-ci, les richesses musicales je veux dire, se seraient-elles développées de la même façon sans ce climat de tension et d’adversité ? On ne le saura jamais. Pour les autres en tout cas. Parce qu’Ignea, lui, fourbit ses armes depuis 2013 (sous le nom de Parallax) en s’attachant à mixer plusieurs styles de metal pour aboutir à un style mélodique, ethnique et riche en histoires à conter, et en buzzant assez vite dans sa carrière. On peut retracer le pédigrée du groupe quelque part entre Orphaned Land et Amorphis : le côté death thrash mélodique et le world metal progressif sont les deux sources d’inspiration d’Ignea. Bien sûr, le groupe prend garde de ficeler ça avec des riffs catchy et modernes, et même des éléments plus electro. Ce disque est basé sur la vie de Sofia Yablonska, une franco-ukrainienne, qui a exploré une bonne partie du monde, exercé de nombreuses professions (laveuse de vitres, mannequin, photographe, journaliste, écrivaine et architecte !) et porté des opinions anti-colonialistes marquées : un personnage donc assez rare et important pour la cause des ethnies comme des femmes (la dame est décédée en 1971). Ses dix titres vont par conséquent tout naturellement jongler entre pas mal de sonorités world de provenances diverses et revêtir un caractère assez épique, bien rendu par la voix claire de Helle Bohdanova, qui contraste avec son autre type de chant bien grave et typé extrême. Une dualité mise en évidence sur la vidéo de « Dunes », single et premier « vrai » titre de « Dreams of lands unseen » après une intro majestueuse. Le travail d’Ignea est inspiré et inspirant, et on remarque rapidement qu’un soin tout particulier est apporté aux percussions et aux claviers (bien que les autres protagonistes ne soient pas en reste). Les titres sont tous de qualité, et si on peut regretter que parfois plus de place ne soit pas accordée aux éléments world (qui sont vraiment maîtrisés et agréables), qui ont tendance à s’effacer au profit des passages plus catchy, l’album est une réussite.
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