
Le fait qu’IAM fasse partie de l’histoire du hip-hop français, voir du patrimoine musical français, est établi. Maintenant, est-ce que le groupe marseillais est encore capable de refaire l’histoire avec ce nouvel album ? « HHHistory » servira, en tout cas, de support à une tournée 2024 ; c’est donc que la bande à Akhenaton, elle, y croit. Et pourtant, les gars sont comme l’ensemble des français ; ici les textes sont désabusés, et même lorsque l’egotrip prend le dessus sur l’introductif « Glorieux » (pas le plus convaincant au demeurant, même si le flow de la paire Akhenaton / Shurik’n n’a pas pris une ride), il égratigne ce qui traîne autour. « Sans valeurs » continue sur la lancée du rap post « L’école du micro d’argent » ; un style qui constate avec amertume la déliquescence de la société, la perte de sens et de valeurs au travers d’instrus à la dramaturgie travaillée. Ok, le fond est là, mais on a un peu l’impression que le groupe recycle ses textes, qu’il n’a à dire que ce qu’il clamait il y a 20 ans. Parce que c’est toujours d’actualité ? Bien sûr, mais alors pourquoi le dire encore de la même façon ou presque ? Certes, le groupe exprime encore sa hargne, mais il peine à m’arracher autre chose qu’un ennui poli. Pour moi, IAM ne devrait pas se complaire dans un « rap de daron » mais toujours être à la pointe, se remettre en question et avoir les crocs aussi acérés que la plume. Parfois, ça marche ; ainsi « Le second c’est le premier des losers » n’est pas brillant que par son titre, « We too » ne se trompe pas de combat, et « Fakerie » n’est pas mal non plus. Mais ça fait peu pour une formation avec autant de talent…Alors oui, certains trouveront certainement que « HHHistory » fait le job, et ils ne sont pas loin d’avoir raison. Moi, j’attends plus qu’une journée de taf ordinaire de la part d’IAM…