« Boombap 2.0 ». Une jolie formule qui, Lacraps l’avoue, n’a pas de signification profonde. Vieilles formules à la diction moderne, pourrait-on dire ? Oui. Lacraps, nordiste d’origine, montpelliérain d’adoption, est venu tard au rap. Trop occupé à survivre. Ce qui ne signifie ni qu’il est plus « street » qu les autres, ni moins d’ailleurs. En fait, le mc s’en fout. Il ne considère pas le rap français comme l’apanage d’une certaine faction sociale, juste comme un organe d’expression et d’éducation. Et à ce titre, il se place à l’écart d’une scène actuelle trop centrée sur le paraître, et préfère descendre en rappel à hauteur d’homme plutôt que de participer à l’escalade vers le sale, quotidien du rap français médiatisé et sclérosé. Alors old school Lacraps ? Il y a de ça. Les prods de Nizi (à qui Mani Deïz a cédé la place) sont sombres et mélancoliques, le flow de Lacraps est serein, les mots détachés : il s’agit bien de se faire comprendre. Et si le mc a choisi de diversifier son empreinte vocale en intégrant plus de chant que par le passé, de l’autotune à dose homéopathique, il reste le même « enfoiré » qu’on avait découvert sur « 42 grammes ». Un mec posé, conscient de sa position de porte-voix, et qui du coup tourne bien ses textes sept fois dans le plumier avant de les coucher sur bande. Un mec qui sait s’entourer aussi, à la prod certes (les titres sont impeccables), mais aux featurings également (quel plaisir par exemple de retrouver Furax sur « La marge »!). Un mec dont on ne peut que conseiller l’écoute à tous, puisqu’il représente le hip-hop évolué, celui qui ne fait pas d’impasse sur le fonds mais n’oublie pas que ce sont les formes qui séduisent au premier abord. Ceci dit, je dois reconnaître que certaines références du bonhomme vont plus parler au trentenaire que je suis qu’aux minots, mais un petit effort et ils découvriront un excellent et trop discret outsider.
Lacraps : 1000 ratures
Lacraps : Par le bas