
Une précision tout d’abord. « Court lettrage » n’est pas le nouvel album de Sako, mais une mixtape, sorte de best of des faits d’armes du bonhomme, en solo ou au sein de la formation qui l’a fait connaître, à savoir les Chiens de Paille. Si ce nom ne vous dit rien, tant mieux quelque part, c’est que vous êtes probablement plus jeunes et alertes que votre serviteur. Chiens de Paille, donc, est un duo hip-hop mis en lumière grâce à Akhenaton d’IAM, et surtout conu pour avoir placé un titre assez excellent sur la bande originale du film-culte « Taxi » : « Maudits soient les yeux fermés ». Un titre qui s’est imposé comme une leçon d’écriture. Plus tard, c’est sur la bande originale de « Comme un aimant » que le groupe s’illustre avec la chanson-titre. Et puis, pas mal de featurings, un premier album remarqué (« Mille et un fantômes »)… mais pas assez, un deuxième qu’on aura bien du mérite de connaître, puisque le monde regardait ailleurs… Tragédie d’une trajectoire ? « Court lettrage » est une deuxième chance de rencontrer des textes à l’écriture fine et précise, un flow clair et froid, un talent à l’état brut. Un talent souvent mal accompagné, ou pas assez. « Court lettrage » empile les moments forts, dont certains étaient introuvables en version digitale. Bien sûr, on retrouve souvent le parrain Akhenaton en featuring, mais d’autres traversent aussi cette belle collection : Oxmo, Grem’s, K-rhyme le roi… Musicalement, ça se dirige plus vers les fans de old school : les titres rivalisent de beats secs, de samples mélancoliques teintés de soul. Les paroles sont des instantanés, pensées et réflexion sur des sujets de société ou des points d’actualité. Sako n’hésite pas à se dévoiler, à parler de ses sentiments ou de sa vie, mais l’égotrip n’a jamais été son truc, et c’est apparemment un gars beaucoup moins égocentré qu’ethnocentré, ce qui n’est pas un mal. Maintenant, il faut prendre « Court lettrage » pour ce qu’il est ; une collection sans réelle logique. Du coup, ça fait beaucoup de titres, et l’ensemble n’est pas forcément fluide. Mais c’est un premier pas, une réhabilitation d’un rappeur qui est toujours un peu passé sous les radars, à tort.