En voilà un qu’on ne pourra pas accuser de nous tromper sur la marchandise. Ceux qui ont déjà croisé la musique du hollandais tapi derrière ce patronyme peu ragoûtant se souviennent certainement du côté profondément malsain et horrifique qui en découle. Prenant ses racines dans le black metal et le dark ambient, Gnaw Their Tongues malaxe le tout, lui adjoint un côté noisy extrême (forcément), et surtout, surtout, beaucoup de souffrance, infligée comme ressentie. Longs et complexes, travaillés comme des longs métrages, avec une alternance d’ambiances et d’intensité, les titres du projet sont, à l’instar d’un Pharmakon déjà présenté dans ces pages, une épreuve, une expérience unique. Ce « Collected atrocities » nous replonge dans les trois premières années de Gnaw Their Tongues. On y retrouve globalement tous les ingrédients actuels ; vocaux black hurlés en second plan, samples de pleurs, cris, bruitages SM, nappes ambient, orchestrations typées musiques de film d’horreur, riffs pachydermiques sourds et sur-distortionnés. 15 titres, ça n’a l’air de rien, mais vu leur longueur, c’est une somme, et il faut se la coltiner ; c’est le gros reproche que je ferais à ce disque qui s’avère finalement plus destiné au die-hard fans du projet et aux amateurs de torture sonore qu’aux mélomanes de tout poil et curieux de passages. Parce que deux heures et quart au compteur, même quand on aime, c’est long ; ajoutez à ça le côté forcément moins maîtrisé et le manque de liant d’une telle entreprise, et on frôle la mauvaise idée. Heureusement, la personnalité du one-man band, quelque part entre Diabolos Rising et Lustmord, sauve les meubles.