FENNESZ : Agora

En 2014, « Becs » allait déjà (plus) loin en termes d’expérimentations noisy ambiant, plus loin que ce à quoi Christian Fennesz nous avait habitué en tout cas. Et bien, sachez que ce n’est rien en comparaison à « In my room », le long premier titre de ce nouvel opus. La chambre du monsieur, il aura beau s’en défendre, n’est certainement pas ici. De fait, c’est bien la « musique » qu’on imagine écouter / subir (rayez la mention inutile selon votre résistance noisesque) dans l’espace. Oui, « Agora » a quitté la Terre, n’en conservant que des réminiscences, captations pêchées dans les soutes de quelques sondes et restes de satellites flottant du côté des Hyades. Oh oui, bien sûr, la guitare est encore perceptible sur un « Rainfall », mais peu de chances que son jeu fasse naître des émules. Ce n’est alors qu’un outil, un moyen d’accéder au grand tout. C’est une impression de grandeur, d’immensité, de puissance cosmique qui s’étale bien au sein des longues minutes de ces quatre titres. On s’y sent porté vers autre chose, avec en arrière-plan toujours cette solitude résignée qui sous-tend les œuvres de l’autrichien. Mais pour ça, il faudra faire l’effort de fermer les yeux et tenter seul et sans retenue ce voyage astral. Et c’est paradoxal ; c’est en revenant à un mode de production plus simple (en homestudio) que l’artiste signe son œuvre la plus extra-terrestre. Bref, « Agora » a beau nous abreuver de nappes ambiant, ce n’est pas un disque facile. Mais sa beauté et sa magie le compensent bien.

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