
Les Bretons de Fange, pandémie ou pas, ne sont pas à prendre avec des pincettes. Il suffit des quatre titres de cet ep pour s’en convaincre. Et encore, je suis large.Il suffit des 20 premières secondes de « Les jours azurs » pour le faire. D’année en année, Fange a glissé vers un style de plus en plus industriel, s’éloignant du sludge pour se rapprocher du harsh noise. Reste la voix, assez deathcore / sludge, les grattes en fond, assez doomisantes, et les ambiances grandiloquentes. Mais tout ça est bien immergé dans un bain noise / indus qui lui va très bien. Ça peut paraître chaotique à première vue, mais ici tout est pensé, mesuré. La fin du premier titre, dantesque, limite orchestrale, après une montée en puissance progressive, est une leçon, et prouve que Fange est capable de grandes choses. Ce « Poigne » a été composé et enregistré durant le confinement, et l’abandon (relatif) des éléments les plus sludge et metal a beau suivre la logique du groupe depuis quelques mois (et un certain manque de moyens de production), il ne sera pas forcément plus facile à appréhender pour les fans. Il suffit de se réécouter « Pudeur » sorti il y a quelques semaines pour se rendre compte du fossé entre les deux. Les points communs ? Ce côté répugnant, malsain et agressif qui transpire de chaque note, de chaque titre. J’ignore quelle direction prendra l’album suivant, mais si Fange persiste, j’espère que la suite se rapprochera de « Les jours azurs » ou « Géhenne », pour moi les deux titres phares de cet ep court (15 minutes) mais déjà impressionnant et bien éprouvant !