De l’importance du titre d’introduction. J’ai raté « Les loges de la folie », le premier album de Fadah. Et c’est le terrible « Camisole » qui m’introduit à son art, et se charge de me mettre K.O. d’entrée. Sur ce premier titre, le rappeur de l’Essonne, qui a depuis bien bourlingué, montre un talent d’écriture rare, un modernisme certain, un cynisme vénéneux. Le mec a des références, une faculté d’analyse et d’auto-analyse, un regard propre sur sa réalité, plein de bonnes raisons de s’exprimer. Et il le fait si bien que s’en est obsédant. Même quand il joue un peu beaucoup avec les codes musicaux actuels sur la deuxième partie de « Furieux », on accroche. Bien sûr, Fadah prend parfois des raccourcis, utilise quelques ficelles déjà élimées, facilitant le passage des idées, mais c’est suffisamment rare pour que ça passe inaperçu. Fadah n’est pas un sage, il l’avoue sans problème, mais pour autant ses textes sont autrement plus intéressants que chez la plupart de ses collègues. Un fou furieux certes, mais capable d’énormément de recul et d’auto-analyse. Une version améliorée de lui-même, voilà ce qu’il recherche, comme chacun de nous. Parvient il y parvient, parfois il tombe dans des travers qu’on ne connaît que trop bien, puisqu’on les partage un peu tous. Mais il parvient toujours à donner un sens et un rythme à tout ça, doué pour les punchlines et sélectif sur les tracks sur lesquels il les pose. « Furieux » est donc un disque de hip-hop moderne capable de parler à ceux qui aiment le rap street actuel, et les vieux routiers comme moi qui recherchent un style plus écrit. Belle performance.
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