
Ce qui saute aux yeux pour ce seizième album des norvégiens d’Enslaved, c’est déjà la beauté de l’artwork, qui me rappelle le disque qui m’a fait venir à eux, le grandiose « Frost ». Bien sûr, les gars en ont fait, musicalement s’entend, du chemin depuis, et il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils fassent machine arrière dans leur exploration d’un metal neo pagan progressif toujours respectueux de leur concept et leurs racines, mais bien orienté vers la créativité et l’expérimentation. Et on retrouve encore ici cette obsession d’Enslaved pour « l’effet miroir », que ce soit dans l’image que dans la thématique, avec Heimdal le gardien du Bifrost permettant d’accéder à un autre monde (le clip de « Kingdom » exploite aussi le concept). Maintenant, sommes nous aptes, nous pauvres résidents de Midgard, à saisir et apprécier l’art du groupe ? Et bien, curieusement, et même si les aspects psychédéliques, progressifs, épiques sont toujours aussi prépondérants ici, et que les éléments pagan black sont toujours bien présents, « Heimdal » est loin d’être le disque le moins accessible d’Enslaved. Alors bien sûr, un néophyte aura peut-être besoin de plusieurs écoutes pour se faire à ce mélange peu conventionnel et très personnel, mais en tout cas je trouve le disque moins « fou » que d’autres par le passé, ou du moins plus homogène. Bien sûr, mon avis est un peu biaisé par le fait que je suis monté il y a bien longtemps à bord du drakkar, que j’ai traversé avec lui bien des tumultes et que mes oreilles se sont donc accoutumées au ressac, au fracas des armes, aux chants guerriers et au souffle du vent. Mais je trouve que le groupe se bonifie avec le temps.