
Oh, ne jouez pas les surpris ; Enslaved et moi, c’est à la vie à la mort. Même si je ne partage pas toujours les nouveaux stades de leur évolution constante, je me dois de les suivre et d’en rendre compte. « Utgard », donc, est le quinzième album des norvégiens, qui ont depuis longtemps quitté les rivages de leur viking metal originel, sans jamais chercher à effaces les traces que ses flancs escarpés ont causé à son bastingage. Et bien sûr, il continue à naviguer en eaux troubles, celle d’un metal progressif propre au groupe, devant autant à la sauvagerie qu’à l’onirisme. On ne peut pas s’ennuyer sur un album d’Enslaved…mais on peut facilement se noyer. Le groupe ronge son frein depuis quelques mois maintenant, puisque ce disque était annoncé dès le mois de mars, et que sa sortie et promotion ont du être repoussées pour « ce qu’on sait ». Présenté comme plus littéraire et philosophique, « Utgard » s’aventure encore plus loin, semble renouer par moments avec d’autres périodes du groupe, fait machine arrière, s’écarte, nous révèle d’autres influences, et ainsi de suite. Pourtant, il m’apparaît, au premier abord, comme bien plus digeste que de nombreuses productions d’Enslaved. Peut-être parce qu’il s’avère bien plus court ? Ou est-ce à cause de ces riffs plus simples distillés au sein de l’album, de ce chant clair, de cette puissance tranquille assumée ? Je ne sais pas. Mais je trouve que la cohabitation prog floydien / viking metal / autre chose a rarement aussi bien fonctionné. Bien sûr, pour le novice, s’aventurer ici sans y perdre une partie de sa santé mentale s’avérera compliqué, et il faudra aussi une bonne dose d’ouverture. De l’intro en chant viking de « Fires in the dark » au riff post punk d’« Urjotun » en passant par la presque pop « Sequence » ou la floydienne « Distant seasons », le tout traversé de mélodies typiques du groupes et du chant écorché de Grutle, c’est encore une traversée mouvementée que nous proposent les vikings, plus que jamais maîtres à bord de leur style unique. Grand album !