Ecr.Linf, c’est un nom pas commun. Mais on commence à être habitués à ce que la scène black et post black française pousse le délire de plus en plus loin. Ecr.Linf, donc. Le nom provient de Voltaire, qui signait « Écrasons l’infâme » pour enjoindre ses correspondants à lutter à ses côtés contre l’obscurantisme religieux et… l’obscurantisme tout court d’ailleurs. « Belluaires », premier album de cette formation dont les membres ont notamment traîné dans Demande à la Poussière, Svart Crown, Ophe, No Return (euh, attendez, y’a un mec de la scène française qui n’a pas joué dans No Return ?) et quelques autres. Est-ce que ça a un intérêt de le dire ? Oui, parce que quelques expériences passées des membres du groupe les ont marquées musicalement. « Belluaires » n’est, bien sûr, pas qu’un grand shaker dans lequel on a versé du black metal, du post hardcore, du thrash et du post metal. Non ; vous y trouverez également de la théâtralité, de belles tranches de culture classique, un don pour la mise en ambiance et un sens de l’à-propos évident. « Belluaires » nous livre des riffs écrasants de puissance, des claviers malins, des vocaux déclamatoires mettant en lumière des textes francophones assez compréhensibles, installe dans tout ça des nuances de noir, tout en s’efforçant de garder le cap d’un black metal plutôt classique dans sa démesure et sa violence, mais en y intégrant une once de désespoir et de mélancolie… Vous l’aurez compris, Ecr.Linf produit un style fourni et complexe, ni vraiment novateur ni complètement classique, mais où tout est maîtrisé et où les références sont oubliées tant elles sont sublimées. Quand au titre choisi, je dois avouer que je ne sais pas bien pourquoi, mais si Ecr.Linf est prêt à en découdre, c’est avant tout avec l’humanité. C’est son procès, le nôtre, le leur que les membres du groupe mènent ici. Le résultat a bien peu d’importance, on ne change pas une équipe qui perd. Mais perdre pied avec ce type d’album, c’est un plaisir !
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