
Alors ça c’est pas banal ; il aura fallu à Dormant Ordeal attendre le départ de son leader et fondateur pour finalement signer chez Willowtip et sortir quelque chose de plus intéressant que le death typé pays de l’est qu’il produisait jusqu’alors. Attention, je n’ai pas dit que cette composante avait disparu, et c’est d’ailleurs tant mieux car le genre a produit de très bonnes choses par là-bas. Mais « Tooth and nail » vient faire un pont entre Pologne, Europe et Etats-Unis. Oui, c’est un sacré pont, c’est vrai. Le style reste plutôt classique, mais on y trouve aussi autre chose. Au milieu de la technicité, des riffs qui sonnent old school et des discrètes dissonances, il y a une volonté d’aller plus loin, de proposer quelque chose de plus créatif et original. On retrouvera aussi de petites influences black dans le riffing, qui pourra évoquer un contemporain polonais. Alors oui, Dormant Ordeal est clairement dans la bonne direction. Les gars envoient du lourd, mais ne jouent pas la brutalité à tout crin (comme apparemment ils l’ont déjà fait dans le passé) ; au contraire, ils enchaînent les riffs subtils et les titres aux multiples embranchements mélodiques. Cependant, ceux-ci conservent une ligne directrice claire, et chaque titre fait suite au précédent de façon logique, sans jamais le singer pour autant. « Tooth and nail » est de ces disques qui vont plaire immédiatement, mais qu’on aura à coeur d’explorer encore et encore afin d’en dénicher toutes les richesses. Ne serait-ce qu’au niveau des plans de guitare, il en regorge. J’apprécie tout particulièrement aussi la voix entre death et black (qui me rappelle aussi celle de Nergal), qui place également le groupe en outsider, loin des querelles de clocher. Bref, l’album est une pépite, et on se plaît à la remettre sur la platine tant ses richesses sont étendues !