Peu importe la forme qu’elle prenne, la musique de David Eugene Edwards se pare toujours de couleurs terreuses et charrie une notion d’instinct sauvage. Plus ou moins folk, plus ou moins gothique, plus ou moins noisy, elle parvient toujours à me transpercer l’âme. Sur ce premier album solo, on peine à reconnaître la voix du bonhomme. Elle y est plus grave et plus fantomatique qu’avant. La musique, elle, emploie des effets électroniques croisés sur les dernières œuvres. Mais à part ça, on retrouve la magie de ses compositions neo folk intacte. Ici comme sur presque chaque œuvre d’Edwards, la beauté est toujours inquiétante, l’espoir est toujours dissimulé derrière un voile de noirceur et de ténèbres. Les textes peuvent encore une fois paraître obscurs ; le monsieur est souvent sujet à visions et il traduit celles-ci selon son propre vocabulaire, à travers son propre prisme de mystique. Mais sa présence chamanique suffit ; elle habite chaque note de banjo, chaque martellement rythmique, chaque nappe et surtout chaque ligne de chant. Globalement, peu de choses changent ici. Bien sûr, pas mal de sonorités très post punk / cold wave s’y incrustent, principalement côté rythme. Et on y est bien plus oppressé par l’ambiance générale, par le mix de Ben Chisholm (Chelsea Wolfe) qui renforce le sentiment claustrophobique ; si chaque son a ici son espace, on a une impression de huis clos : fini les grands espaces ! « Hyacinth » est un mutant, un pied dans la dure réalité, un autre dans un passé pas si lointain où les idées avaient autant de poids que les faits. La pureté de certains sons et instruments se heurte au travail sur le reste, pour un résultat aussi intriguant que créatif, comme une version 2.0 de David Eugene Edwards. Étonnant et captivant !
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