
Presque dix ans plus tard, voici le deuxième album de Crosses. Crosses, c’est (toujours) le projet de Shaun Lopez, le guitariste de Far, le dj Chuck Doom et aussi Chino Moreno des Deftones derrière le micro. Le style du projet peut être décrit comme un croisement entre rock industriel et new wave avec quelques guitares un peu plus metal ça et là, en embuscade. Depuis sa création, le projet a gagné en assurance et en notoriété. Sur ce deuxième opus, il a donc la chance d’accueillir rien de moins que El-P et Robert Smith pour des featurings forcément remarqués, respectivement sur « Big Youth » et « Girls float boys cry ». Toutefois, pour ne rien vous cacher, ce ne sont pas les meilleurs titres du lot. Le chant de Chino, un peu digitalisé, peut évoquer le style trap / emo, et les titres sont porteurs du côté très atmosphérique qu’on avait découvert en 2014. On retrouve aussi les intonations plus Depeche Mode, et les structures typiques du groupe. Des structures un peu répétitives, ce que j’avais déploré sur le premier album. Mais comme sur l’album éponyme, le combo est capable de sortir son épingle du lot pour des moments d’exception comme sur « Invisible hand », « Found », « Ghost ride » ou « Natural selection ». Quelques autres titres sont sympathiques, bien que pas tout à fait à la hauteur de ceux-ci. D’autres, en revanche, suscitent chez moi un ennui profond. Je vous laisserai vous faire votre propre avis, mais pour moi « Goodnight, god bless, I love u, delete » ne remplit pas totalement les attentes suscitées par la longue absence de Crosses. Certes, le groupe y suit une ligne de conduite qu’on lui connaissait déjà, et certes il a aussi un peu gommé les aspects les plus Deftoniens de sa musique. Mais il aurait pu soigner encore plus ce retour en prenant garde à proposer des mélodies vraiment uniques et distinctes les unes des autres.