Leonard n’a jamais été un modèle de joie de vivre. Il a beau avoir chanté l’amour et autres joyeusetés, il a toujours traîné un spleen, une noirceur très particulière car chargée d’espoir. Moi, j’aime la noirceur, ce n’est un secret pour personne. Alors une invitation aussi claire que « You want it darker », je ne pouvais m’y soustraire ! Plus sombre, ce disque à la croisée des chemins l’est assurément. La chanson-titre ne nous cache rien : « I’m ready my Lord », nous assène M. Cohen. Superbe entrée en matière. « Treaty » est moins immédiate mais tout aussi élégante. « On the level » en rappelle beaucoup d’autres dans son rythme, son accompagnement, sa couleur générale. Un poil trop convenue, c’est un amuse-bouche qui fait patienter le temps d’arriver à une « Leaving the table » autrement plus captivante. « If I didn’t have your love » est également très honnête, mais vite éclipsée par la superbe « Traveling light », talonnée de près par « It seemed the better way » et « Steer the way » avant de finir en douceur (« String reprise / Treaty »). Alors oui, cet album est définitivement meilleur que les précédents, et oui, il est également un testament. En le pensant, Leonard sait qu’il va partir, et met ici ses affaires en place, règle quelques comptes, toujours avec tendresse et sans rancœur. Partir avec autant de panache, c’est vraiment l’apanage des plus grands…