
Oui, je sais, j’en poste de plus en plus des disques de neo classique amenant le piano dans des contrées plus cinématographiques et dramatiques encore. Que voulez-vous, c’est à la mode, et apparemment ça marche. Et puis, ça marche auprès de votre serviteur, la preuve. Christophe Menassier est un nouveau venu sur ce créneau puisqu’il s’agit de son premier album. Mais il n’est pas né de la dernière pluie pour autant, puisqu’il est compositeur pour le théâtre, le cirque et la pub depuis quelques années. Dans le jargon, on appelle ça de la musique fonctionnelle, qui ont une fonction propre et précise donc. Et donc, habitué à composer à dessein, il a décidé de laisser plus libre court ici à sa créativité, ou pousser plus loin le bouchon, il raiera lui-même la mention inutile si besoin. Le résultat m’a, je dois dire, un peu étonné. Parce que là où je m’attendais, comme vous peut-être, à un énième disque enchaînant les pièces intimistes basées sur les mêmes recettes, je me retrouve à un album beaucoup plus hétérogène. Pas trop dans les ambiances, puisque c’est quand même pas joyeux joyeux d’une manière générale (ce que le compositeur reconnaît lui-même), et assez proche donc des cousins du genre. Mais l’orchestration, elle, change d’un titre à l’autre, et si le clavier est toujours au centre du travail du français, il se décline sous différentes sonorités, et s’accompagne de cordes, de percussions… et de pas mal de synthés. Et ça n’a l’air de rien, mais ça tranche avec le minimalisme et la sobriété de beaucoup de productions. Non pas que les douze pistes de ce premier opus se caractérisent par une grandiloquence et une expansivité choquante, mais en tout cas, monsieur Menassier ose plus. Et si parfois on préférerait des sons plus travaillés, ou différents du moins (certaines pistes de synthé sonnent un peu trop brutes, limites datées pour moi), ça change et c’est appréciable. Ça a aussi l’avantage d’aboutir à un disque moins « uni », et qui donc saura se faire apprécier en différentes circonstances (sauf les festives, pour ça on ira sonner à une autre porte). Bref, une jolie première œuvre.