Dans le microcosme pop folk, il y a énormément de formations interchangeables, sans vraiment de personnalité. Et puis une fois de temps en temps, il y en a une qui sort du lot, qui propose un peu autre chose. C’est parfois très subtil, mais il suffit qu’une personne le remarque et ça lance une carrière. Enfin, bon, je vous dis ça mais pour Charm Of Finches, d’autres l’ont fait largement avant moi ; ce quatrième album nous arrive déjà auréolé de gloire, puisque son prédécesseur « Wonderful oblivion » en 2021 avait obtenu le prix du meilleur album folk aux Australian folk music awards. Les frangines Mabel et Ivy Windred-Wornes effectuent, ici aussi, un minutieux travail vocal. Mais il n’est pas si rare que ça d’en croiser des équivalents. Ce qui m’a plu ici au premier abord, c’est le parfum étrange qui se dégage de façon sporadique. En fouillant un peu, je découvre que l’album prend racine dans un conte bien sombre des frères Grimm. Voilà qui amène un toute autre éclairage. Le clip de « Clean cut », premier titre du disque, vient appuyer la noirceur du duo, en retraçant une épopée horrifico-meurtrière (même si ça demeure de l’ordre de l’évocation). « Atlantis » déploie à la fois de la douceur et de la mélancolie ; ce sont d’ailleurs les deux éléments par lesquels on peut le plus facilement décrire la musique des australiennes. Pourtant, certains titres amènent bien des accents tragiques, quelque chose qui flirte avec les ambiances gothiques sans jamais vraiment y plonger. Au sein de chaque titre, ce qui frappe évidemment c’est la complicité vocale des sœurs ; à l’unisson ou complémentaires, leurs voix semblent faites pour s’exprimer ensemble. Mais c’est à la fois la force et la faiblesse de l’album ; celles-ci guident les titres, et c’est souvent dans la même direction, ce qui aboutit parfois à un sentiment de redondance. Attention, « Marlinchen in the snow » reste plus qu’agréable, mais on n’en est pas encore subjugué, il lui manque encore un soupçon, peut-être, de souffre ou de magie ? Eh oui, je suis de mon côté plus charmé par les corbeaux que les pinsons, que voulez-vous…
Related Posts
- 10000Chez les américains de Immaterial Possession, les sensations ne sont pas pures, pas directes ; elles s'accompagnent de doute, d'insécurité. Pour ce deuxième album, je trouve même que le groupe est allé encore un peu plus loin. Les éléments pop psyché sixties y sont évidents, l’ambiance surréaliste et fantasque plus marquée.…
- 10000Le désormais trio canadien Half Moon Run a mis toutes les chances de son côté pour ce quatrième album, en plaçant le terrible single « You can let go » en tête de cortège des onze titres qui le composent. Il est en effet très difficile de résister à sa douce mélancolie…
- 10000En 2016, la californienne Emily Jane White m'assénait son « They moved in shadow all together » sans que je puisse y faire grand chose ; la dame avait beau jouer un peu trop la carte de l'unité entre ses titres, elle développait un style pop folk traversé d'une mélancolie profonde et troublante.…
- 10000Je n’avais pas forcément été tendre avec ce groupe anglais en 2018 à l’occasion de la sortie de son disque précédent. Disque que j’avais apprécié, d’ailleurs, mais en alertant sur son caractère un peu trop évident et poppy. Il est désormais temps de voir ce que le confinement a fait…
- 10000La Montréalaise Amélie Beyries sort ces jours-ci son deuxième album, qu'on peut classer dans la catégorie pop folk sans trop y réfléchir. Ce disque souligne pour moi l'importance de laisser une deuxième chance. Parce que, reçu version physique, j'ai essayé de le placer plusieurs fois sur la platine, mais « What…