C’est indéniable, Royal Blood a marqué durablement le rock. Preuve en est aujourd’hui ce troisième album des canadiens de BRKN Love. Les disques précédents du groupe pointaient déjà dans cette direction, mais là c’est flagrant. Flagrant mais bien géré ; oui, il y a bien un petit goût, mais c’est un goût de reviens-y, et pas trop prononcé pour éviter l’indigestion. Mais on retrouve le sens de la mélodie qui fait mouche, du groove qui donne envie de hocher la tête, du riff qui donne envie de se lancer dans une séance d’air guitar.. En 12 titres et trois quarts d’heure, le rock alternatif bien saturé mais au son arrondi sur les angles du trio s’impose comme une valeur sûre pour celles et ceux qui aiment les tubes musclés se situant toutefois hors terrain de jeu du métal. En effet, si le disque est signé chez Spinefarm, et que le groupe aurait tout à fait sa place sur un gros festoche de chevelus, le format et la voix très pop (on peut aussi penser parfois à Muse) ne laissent aucun doute : BRKN Love est rock, point. Et il n’est pas incongru de trouver ici et là des influences funk ou R&B (comme sur l’énorme « 12 wings » ou la groovy « Break the same ») ; elles sont assumées par le leader Justin Benlolo, qui les a « contractées » lors d’un voyage à Charleston, en Caroline du Sud, dont la durée est passée de 2 jours à neuf semaines et a abouti à la composition de « The program ». Au travers de cet album donc, BRKN Love confirme son style et lui donne de nouvelles teintes : oui, ça ressemble pas mal à ce qu’on appelle d’habitude « album de la maturité ». Et ça sied assez bien au combo, qui accomplit ici pleinement son potentiel. Sur scène comme sur galette, il sera difficile de résister à ce programme.
