Changement d’ambiance pour ce quatrième album des irlandais de Black Honey. Si l’album précédent nous promettait la douceur des pêches mais nous amenait en fait leur côté rugueux (et on aimait ça), cette fois les grosses guitares se taisent ou presque, laissant la place à des chansons bien plus sucrées et pop. Bien sûr « Insulin » essaie de noyer le poisson, mais on comprend assez vite que « Soak » sera différent à bien des égards. Album de la maturité ? Émotionnelle, personnelle, peut-être. Izzy Phillips, ayant expurgé une partie des problèmes de sa vie (notamment celui de l’alcool), se reconnecte à ses émotions et ses aspirations. D’où cette impression qu’on touche ici plus à l’intime. Et bien qu’il arrive souvent qu’on ne comprenne pas tout, ça n’empêche en rien d’apprécier (comme sur la touchante « Carroll avenue »). Sur ce disque donc, Black Honey se réinvente, et si on peut parfois en être désappointé (bah oui, j’aime bien les grosses guitares moi, c’est pas un secret), on ne peut nier que ça fonctionne de ouf. Un truc comme « Sad sun », dont on ne sait pas vraiment dire s’il s’agit d’une balade, d’une pop song ou d’un bon titre rock, porte à mon sens une bonne dose de sorcellerie. Paradoxalement, « Soak » semble plus porté sur la noirceur. Album-catharsis qui n’a pas forcément besoin de hurler sa rage, il sait toutefois l’exprimer / l’expier de façon tout à fait personnelle et avec des formules mélodiques dont le groupe n’a peut-être pas le secret comme le veut la formule, mais qu’il sait parfaitement doser. L’album n’est pas si court (39 minutes et quelques zestes) mais il passe vraiment vite, et on a donc vite fait de se remettre en selle pour un deuxième tour de piste, au moins le temps de se réinjecter un peu de dopamine avec les « Insulin », « Soak », « Sad Sun » et « To the grave » (et ça, c’est juste pour peu qu’on ait les mêmes goûts). Bref, Black Honey continue d’arpenter un chemin qui évite soigneusement les ronces. On les applaudit.
