Depuis sa création, le combo canadien de jazz BadBadNotGood se démarque de ses contemporains mais sa farouche envie d’amener autre chose au jazz, de ne pas se contenter de rester à la place qu’on lui a choisi, d’interpréter les standards qui s’imposent à lui, d’être sages. Il faut dire que les membres avaient, à leur rencontre, affiché une passion commune pour le hip-hop. Ce qui les a amené à bosser avec pas mal de grands noms du genre au cours des années. Sur ce nouvel album, le groupe marie jazz rock, free jazz, et légères influences psychédéliques. Un mélange pas toujours facile à suivre, comme sur une « City of mirrors » un peu trop libre pour moi, mais qui atteint le plus souvent sa cible ; celle de proposer un style singulier, utilisant volontiers des techniques emphatiques digne du post rock, des ambiances feutrées chères au hip-hop, une simplicité mélodique de façade qui cache une richesse et une attention soutenue pour la composition, les fluctuations d’ambiance et la production au cordeau. « Talk memory » va donc de nouveau diviser les fans du groupe comme les autres, et peut-être même au sein d’un même titre. Ses huit titres accueillent quelques invités comme le compositeur brésilien culte Arthur Verocai, le touche-à-tout Terrace Martin, mais aussi les plus discrets Karriem Riggins et Laraaji, et font preuve, encore une fois, de la capacité de Badbadnotgood à se renouveler sans forcément sortir du terrain qu’il a délimité.
