Album-tournant pour Arch Enemy, récemment lâché par sa frontwoman. On sait que ce genre de changement peut très bien être fatal à un groupe, même si celui-ci choisit un successeur dans la droite lignée du précédent, ce qui semble être le cas ici. Sacré pari aussi pour Alissa White-Glutz, ex The Agonist ; succéder à Angela Gossow, qui a en quelques années imposé son style et son joli minois dans le haut du panier de la scène metal extrême et démontré qu’elle n’avait rien à envier à ses homologues masculins. D’entrée de jeu, on sait que cette déclaration de guerre tient donc plus du pari risqué que de l’arrivée en conquérant, mais on se doute aussi que tout le monde va se défoncer pour que ce dixième album reste dans les mémoires comme une boucherie. Et une fois passée l’intro très classique, on retrouve effectivement un death métal mélodique de qualité ; riffs classiques, enchaînements parfaitement fluides, rythmique carrée et bien en place, son clair et tranchant. La voix d’Angela est à la croisée des chemins du death et du black, et on ne trouvera rien, même en cherchant bien, à lui reprocher. Chaque instrument donne le meilleur de lui-même, avec plus ou moins de modestie (les chorus et soli en pagaille font se tailler la part du lion aux guitares, le clavier n’est pas loin derrière, forcément ça laisse un peu moins de place à la rythmique, qui sait pourtant jouer des coudes à l’occasion). Le groupe a l’intelligence d’aménager des passages plus calmes, ou d’utiliser des structures un peu différentes ça et là, donnant un peu d’air à un disque dont le genre n’est pas forcément synonyme de diversité. Sans temps mort ni défaut, cet album assoit Arch Enemy bien confortablement dans son fauteuil de boss du death mélo. Joli coup.