J’avais vu passer l’annonce de ce disque, entérinant l’entente cordiale qui unit les deux beatmakers du hip-hop dans la vie. Je suis donc bien heureux que Banzaï Lab aie pensé à m’envoyer le résultat de cette collaboration alléchante. Avant même de placer la galette sur le lecteur, on est accueillis par une pochette alliant un bon gros monstre qu’on croirait issu d’un disque de death metal à deux spationautes chargés en super pouvoirs à la japonaise. « Rogue monsters » est effectivement, à bien des niveaux, la rencontre de deux univers. Ceux d’Al’Tarba et Senbeï certes, maniant tous deux les sons pour les offrir aux fans de hip hop et trip-hop. Ceux d’influences musicales européennes et asiatiques, se traduisant dès le premier titre « Rakshasa » et tout au long du skeud. Ceux de deux egos, qui pourraient comme c’est souvent le cas essayer de tirer la couverture à soi, mais qui sont au contraire parvenus à allier leurs forces pour produire un premier (on n’espère que ce n’est que le premier) album excellent, hyper varié, funky et accrocheur. Et en plus, « Rogue monsters » en a dans la besace. 14 titres, 54 minutes de bonheur. Les allergiques au rock (et plus si affinités) auront la bonne idée de zapper la pourtant excellente « interlude », les autres dégusteront chaque seconde de cet album, en apprécieront les couleurs changeantes. Car même si l’ensemble est uni, chaque titre en est une déclinaison, plus hip-hop, plus trip hop, plus electro, plus méchante, plus posée… Vous avez le choix! Ce qui est sympa aussi, c’est qu’on peut bien jauger le talent des deux bonhommes, puisque seuls deux featurings rappés viennent parasiter le disque. Bon, ok, parasiter est un bien grand mot, d’autant plus que les titres sont très bons (j’ai une petite préférence pour « On hante la ville » avec Droogz Brigade). Si on cherche bien, on pourrait éventuellement écarter un « Falling » un peu trop long et répétitif. Mais le reste est une leçon ; ces mecs sont vraiment trop forts.