Ok, je l’avoue, je ne suis pas très ouvert aux richesses de la chanson française. Je ne vais pas vous mentir, ce snobisme frôle même la bêtise. Je suis le plus souvent persuadé que la scène française est peuplée d’artistes mièvres et doucereux. Oh, bien sûr, certains trouvent tout de même grâce à mes oreilles : Manset, Sheller, Boogaerts, Dominique A… Et puis, il y a quelques temps, je tombe sur « Le grand amour », premier single de ce cinquième album de l’amienois. Et je tombe sous le charme. La voix qui évoque un Boogaerts, la mélancolie, le côté soyeux des orchestrations, le thème intime et l’écriture pudique, tout me plaît. Je décide donc de me lancer à l’assaut de ce disque. C’est avec un plaisir indicible que je me vois accueilli par ledit single. « Dans la tête » fait la transition avec un style plus léger mais non moins classieux et bien écrit, que « Des chiens sans langue » confirme. « Une femme » me paraît un peu trop facile, mais reste très agréable à l’écoute. « Embrasse ma femme », en revanche, tragi-comédie qui ne sait choisir son côté de la barrière, me laisse froid. « A midi on m’a dit » me fait hélas le même effet, même si le refrain pourrait me faire changer d’avis. En revanche, la délicatesse de « La fleur de l’âge » m’emporte assez facilement. Par la suite, la légèreté reprend les rênes et m’éloigne un peu du rivage. Alors, déçu ? Non, pas vraiment. Je suis heureux que mes préjugés aient un peu vacillé. J’aurais aimé être tout à fait conquis, et si ce n’est pas le cas, on est tout de même bien loin de l’image gnan-gnan que je m’en faisais : impossible d’en nier les qualités !
Albin de la Simone : Le grand amour