
Du death metal technique et symphonique, c’est pas vraiment ce que j’imaginais provenir de Bogota. Pourtant, c’est bien ce que ce jeune groupe colombien mené par le guitariste / compositeur / vocaliste Edd Jimenez propose. Et le bougre ne ment pas ; on retrouve bien tous les ingrédients promis au sein des 10 titres et 40 minutes de ce premier album. L’intro « Plvs vltra » peut certes laisser croire à disque de heavy speed héroïque à la teutonne avec son côté grandiose et cinématographique (elle est très réussie d’ailleurs), mais quand « Legio eterna » débarque avec son riff bien speed et son rugissement death, on est mis dans le bain. Et… mais c’est quoi cette basse ? Ah oui, je ne vous ai pas précisé avant, mais c’est Rich Gray (Annihilator) qui la tient sur la plupart des titres. En plus de ça, on retrouve Dominic Forest Lapointe (Voivod) sur le morceau-titre, et Nicholas Le Fou Wells (des canadiens First Fragment) à la batterie sur l’ensemble de l’album. Oui, ça vous laisse imaginer le niveau de technicité qu’on retrouve ici. Très ambitieux, ce disque se veut une expérience spirituelle plutôt qu’un simple enregistrement. De son propre aveu, l’auteur en a peaufiné chaque élément, en a pensé et repensé chaque son, chaque silence, chaque détail. Il voit « Colossus suprema » comme une personnalisation de la grandeur (divine ou pas), résultant d’années d’évolution, de discipline et de développement, inspiré autant des figures de la scène (Brainblast a notamment posé une reprise de Death sur un précédent ep) que de la musique classique, en particulier Bach. Et très logiquement, il en attend un retour à la hauteur de son engagement. Et ça peut paraître extrêmement prétentieux. Mais voilà, je pense qu’on peut légitimement le lui accorder. Parce que le disque est vraiment massif, les ami-e-s. Alors oui, c’est vrai que les choeurs d’opéra sont à mon goût un peu trop présents, trop systématiques en tout cas. Mais je dois reconnaître que tout est à sa place et que la minutie apportée à des titres à la fois brutaux et très futés paie ; chacun d’eux fonctionne parfaitement. Peut-être l’album manque-t-il de modulations ; on a en fin de galette du mal à identifier un titre favori tant ils partagent une exigence, une excellence et certains tics de composition. Mais encore une fois, ça reste un disque à conseiller.






