Quand je regarde la photo promo de Sungaze, autant dans la pose que dans l’ambiance, j’ai l’impression de voir les Mamas and Papas. V’là la ref’ de ieuv, oui oui. Mais dans les faits, avec sa musique qui va chercher dans la folk, la pop et le shoegaze, dans ses atmosphères un peu rêveuses et mélancoliques, dans la dualité de ses voix, ça se justifie un peu. Sungaze est une formation né de la volonté d’un couple de créer son propre alphabet musical (le reste de la bande est là pour le live), en écoutant que ses envies, sans se soucier du genre emprunté. Bon, c’est bien joli tout ça mais est-ce que ça a de la tenue et de la cohérence ? Oui, assez. Bien sûr, après la très seventies « Time is on the wind », et la jolie et tranquille « New twang », je ne m’attendais pas vraiment à trouver des guitares plus orageuses sur les autres titres, mais c’est une évolution naturelle, et on ne se sent jamais bousculé ou violenté ici. Mais pas bercé non plus ; « Sungaze », l’album, évite les mièvreries, et ce même si ses sujets sont parfois très simples. Ce qui ne l’empêche pas de se montrer vraiment très bon. Le genre de disque qu’on s’imagine bien écouter en parcourant la campagne et en profitant du paysage, loin du tumulte de la ville. La voix traînante d’Ivory Snow charrie une forme de nostalgie, contrebalancée parfois par un feeling plus indie rock, comme sur une « So light » assez captivante par exemple. Bien sûr, les allergiques aux nappes de brouillard shoegaze auront tôt fait de jeter le bébé avec l’eau du bain ; si le disque y amène d’autres éléments, ça reste un élément constitutif fort du son de Sungaze ; le nom du groupe nous l’indiquait déjà. Peut-être d’ailleurs devrait-il s’effacer un peu plus au profit du reste pour personnaliser un peu plus le style développé. C’est mon avis, mais il faut dire que je fais partie des intolérants au shoegaze à grandes doses. Reste que ce disque assez sous-médiatisé mérite mieux, et que je vous encourage à le récompenser pour ses efforts.
